La construction d’installations d’exportation de gaz sur la côte Est ne sera d’aucune aide pour l’Europe. Elle perturbera notre climat.
L’industrie gazière canadienne exploite la guerre en Ukraine dans le but d’accroître sa production et d’accélérer l’approbation de projets de gaz naturel liquéfié (GNL). L’industrie gazière utilise le prétexte d’une « aide » à l’Europe pour masquer des plans d’expansion sur la côte Est canadienne.
Ne soyez pas dupes. Les installations d’exportation de GNL n’aideront pas l’Europe à satisfaire ses besoins énergétiques à court terme. Même si on arrive un jour à trouver les milliards de dollars permettant de financer et d’achever ces projets (ce qui est déjà une énorme supposition), au moment où ceux-ci seront enfin opérationnels, la demande européenne se sera en grande partie réorientée vers des sources plus abordables et plus propres.
La mise sur pied de nouvelles installations d’exportation de GNL sur la côte Est perturbera notre climat. Un plus grand nombre de Canadien·ne·s estiment que le Canada devrait rejeter tout projet de nouvelle installation d’exportation de gaz sur la côte Est en raison des préoccupations climatiques.
Plutôt que d’accélérer l’adoption de projets de GNL qui dérèglent le climat, le Canada devrait augmenter ses investissements dans les énergies renouvelables. Les énergies éolienne et solaire sont propres et sûres, peuvent être développées plus rapidement et permettent aux consommateur·rice·s de faire des économies. De plus, les énergies propres ne financent pas de régime despotique.
Ne vous laissez pas berner par la rhétorique de l’industrie gazière : le gaz ne brûle pas « sans résidu » et n’est pas sans danger pour le climat. Qui plus est, l’expansion des infrastructures gazières présente des risques pour la sécurité des femmes autochtones.
Le problème des fuites de méthane des pipelines est bien connu et très dommageable pour le climat, avec une capacité de réchauffement plus de 80 fois supérieure à celle du dioxyde de carbone.
Les deux projets d’exportation sur la côte Est dont il a été question dans l’actualité dernièrement (le projet Saint-John-GNL de Repsol S.A. au Nouveau-Brunswick et le projet Goldboro-GNL de Pieriday Energy en Nouvelle-Écosse) nécessiteraient tous deux le transport de gaz dans des pipelines d’un bout à l’autre du Canada, de l’Alberta à la côte Est.
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Selon le rapport Net Zero by 2050 (Zéro émission nette d’ici 2050) de l’Agence internationale de l’énergie, si l’on veut avoir une chance de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, aucun nouveau projet gazier ne peut être lancé. Le gaz est un combustible fossile qui nuit à notre climat commun. Une version antérieure du projet Goldboro de Pieridae Energy aurait généré une pollution par le carbone de 3,7 mégatonnes par année, l’équivalent de la combustion de plus de 4 milliards de livres de charbon par an. La Nouvelle-Écosse aurait alors dépassé d’un tiers sa limite d’émission de carbone. Selon les estimations, le projet de Repsol pourrait générer au moins 1,2 mégatonne de pollution par le carbone chaque année, l’équivalent de la combustion de 1,8 milliard de livres de charbon. Il serait alors impossible pour le Nouveau-Brunswick d’atteindre son objectif climatique. Par ailleurs, ces données n’incluent pas les émissions générées par la combustion du gaz, qui représente la majorité des émissions liées au gaz.
L’opposition aux projets de GNL sur la côte Est est également forte en raison du lien entre les chantiers du secteur de l’énergie fossile et l’accroissement des violences contre les femmes autochtones. Le projet Goldboro-GNL devrait donner lieu à la création d’un chantier de 5000 travailleur·se·s pour la construction de l’usine. De tels chantiers ont fait l’objet de nombreuses études ayant révélé leur lien avec la violence, le trafic d’êtres humains et la disparition de femmes et de filles autochtones.
Cliquez ici pour en savoir plus sur les risques environnementaux et sociaux liés aux projets d’exportation de GNL sur la côte Est.
Le gaz n’est pas un combustible de transition vers l’hydrogène.
Méfiez-vous de toute affirmation selon laquelle une nouvelle installation d’exportation de GNL sera reconvertie pour l’hydrogène.
Un terminal de GNL ne peut être modernisé qu’à un coût extrêmement élevé en raison de différentes températures de refroidissement. Pour l’hydrogène, cette température est de -252 °C, ce qui est beaucoup plus froid que la température de -168 °C pour le GNL. Les exigences en matière d’isolation sont complètement différentes. Si le Canada souhaite exporter de l’hydrogène, il doit construire d’emblée un terminal d’hydrogène vert. L’alternative n’est rien d’autre qu’une opération de verdissement d’image ou, en bout de ligne, une note très salée pour les contribuables canadiennes.
Robert Rozansky, analyste de la recherche, Global Energy Monitor :
« Les appels de plus en plus nombreux en faveur de la construction de terminaux de GNL sur la côte Est du Canada négligent un fait important : ces installations ne pourront tout simplement pas être construites à temps pour remédier à la crise énergétique en Europe. À la lumière du plan de décarbonisation rapide de l’UE, tout projet d’expansion de l’exportation canadienne donnera lieu à la création d’actifs inutilisables. »
Brian O'Callaghan, chercheur principal et gestionnaire de projet, Oxford Economic Recovery Project, Université d’Oxford:
« L’ouverture, dans cinq ans, d’une nouvelle installation d’exportation de GNL pour répondre à la crise énergétique actuelle en Europe ne tient pas debout. Construire une nouvelle installation d’exportation de GNL au Canada, c’est construire un énorme actif qui sera inutilisable. »
Le CSC ne rendra pas les gaz inoffensifs pour le climat.
L’industrie gazière aime beaucoup parler de captage et de stockage du carbone (CSC). Cependant, le CSC n’a aucune incidence sur les émissions produites par la combustion du gaz – qui représentent la majorité des émissions liées au gaz. ​
Le CSC coûte très cher et n’a pas fait ses preuves. L’usine Quest de Shell, qui a bénéficié de subventions de 745 millions $ du gouvernement albertain et de 150 millions $ du gouvernement fédéral, émet plus de carbone qu’elle n’en capte.
Les Canadien·ne·s s’opposent davantage à une nouvelle installation d’exportation de gaz sur la côte Est qu’ils et elles ne la soutiennent.
Des recherches ont démontré que la création d’installations de GNL sur la côte Est ne sera d’aucune aide pour les besoins énergétiques à court terme de l’Europe.
Le point de vue des expert·e·s : raisons pour lesquelles les installations d’exportation de GNL sur la côte Est risquent de devenir des actifs inutilisables.
Les nouvelles installations d’exportation sur la côte Est transporteraient des gaz nocifs pour le climat.